Les démarches entreprises

par MikE

 

J'étais au départ un peu réticent à déposer l'auto chez mon concessionnaire pour la simple raison qu'on ne peut pas être juge et partie. Et puis si effectivement le régulateur était en cause, vu les réactions de RENAULT (qui préfère incriminer des erreurs de conduite, voir ma page qui y est consacrée), je concevais difficilement que mon concessionnaire admette un problème à ce niveau : le sujet est bien trop sensible et lourd de conséquences ! Et puis ça aurait pu fausser les résultats d'une possible expertise indépendante ultérieure, la marque ayant eu le temps au préalable de changer les pièces éventuellement défectueuses, ni vu ni connu.

Sauf que dans mon cas (pas d'accident, pas de tiers en cause), aucun des organismes que j'ai contactés (mon assurance, l'ADVRV) n'acceptera de mandater et d'assumer financièrement un expert, ce que je comprends tout à fait. Conséquences : si je veux faire expertiser ma voiture, c'est à mes frais. Et quand on sait que les quelques cas d'expertises d'automobiles suite à des incidents / accidents où le régulateur est pointé du doigt remontent à 2004/2005 et que des examens sont toujours en cours, je n'ose même pas imaginer le prix de ces investigations ! (10 novembre 2006 : je sais à présent que ces expertises peuvent atteindre 25 000 € !) Conséquence : pour le citoyen lambda qui n'a pas eu d'accident, et à moins d'avoir gagné au loto, la porte de l'expertise indépendante se referme (10 novembre 2006 : j'ai appris récemment via un cas concrets que les frais d'expertise sont de façon identique souvent laissés à la charge des victimes, et même dans des cas d'accidents graves avec des tiers impliqués. Je conçois parfaitement que c'est au conducteur de démontrer le dysfonctionnement dont il affirme avoir été victime, surtout quand le problème est aussi exotique, mais refuser de prendre en charge ces frais c'est quasiment s'assurer qu'aucune expertise n'aura lieu, que rien ne pourra être démontré, et que par voie de conséquence le ou les constructeurs incriminés ne pourront jamais être inquiétés).

Lors de mes recherches j'ai eu connaissance d'un cas où un véhicule de même marque que le mien (mais un modèle différent) aurait connu un incident similaire à ce que j'ai connu (régulateur à priori impossible à couper, pédale de frein non pas dure mais au contraire molle). Sauf que la conductrice n'a pu éviter l'accident malgré tout un tas de manipulations tentées, et elle a été gravement blessée de même que plusieurs autres personnes. Ce cas remonte à 2005, et le constructeur réfute à ce jour tout dysfonctionnement de l'électronique sur un véhicule de la marque, arguant que cette conductrice est la seule en France - et même au monde ! - à avoir rapporté un tel incident. J'ai réussi à identifier cette victime, ai pris contact avec elle et lui ai expliqué mon histoire, qui lui rappelait évidemment sa dramatique mésaventure. Elle m'a ensuite donné les coordonnées de son avocate, que j'ai également appelée, et à qui j'ai narré mon incident. Cette dernière a naturellement noté mes coordonnées au cas où, mais m'a informé que les experts mandatés pour le véhicule de sa cliente n'avaient toujours pas rendu leurs conclusions dans ce dossier. Bien évidemment, cette avocate ne peut pas grand chose dans mon cas, pour les mêmes raisons que les organismes contactés précédemment. Ce qui est assez dramatique dans le cas de cette conductrice, c'est que les experts lui réclament à présent - et sans avoir rendu le moindre rapport pendant un an - une somme de 25 000 € qu'aucun organisme, là encore, ne semble disposé à prendre à sa charge !

Pour en revenir à mon cas, j'ai alors pris rendez-vous chez mon concessionnaire, à qui j'ai d'abord expliqué ma mésaventure par téléphone. Il déclare alors d'emblée que ça ne peut pas venir du régulateur ! Bon. Le jour "J" j'emmène l'auto, et après une heure d'examens on ma la rend en précisant ces points :

    1. La diagnostic effectué sur la circuit de frein et le régulateur de vitesse ne révèle aucun défaut. Apparemment il y a une mémoire quelque part dans l'auto qui enregistre les défauts rencontrés, mais la mémoire ne contenait aucune anomalie. J'ai d'ailleurs pour habitude de dire à présent que, de deux choses l'une : ou l'électronique de mon auto est de mauvaise foi, où elle a la mémoire très courte !
    2. Une réserve de dépression (sorte de bombonne sous pression servant à assister le freinage) a été changée car il y a régnait une pression anormalement faible.

Ils ont donc bien trouvé une anomalie sur le freinage, qui connaissait visiblement un défaut d'assistance. De là à ce que ma pédale de frein (qui n'avait jamais durci avant cet incident, ni même de nouveau après) soit subitement devenue dure "comme du bois" ? Je ne suis pas spécialiste, loin de là, mais ça me semble douteux. N'y existerait'il pas dans ce cas une forme de progressivité dans la perte d'assistance du freinage ? Autrement dit aurais-je dû constater plutôt un durcissement progressif de la pédale au fil des jours, plutôt qu'un durcissement total et soudain sans signe avant coureur, suivi d'un retour à la normale comme si rien ne s'était passé ? Tout ceci me laisse un peu sceptique, mais bon, encore une fois je suis néophyte dans ce domaine et ça permet d'expliquer une partie de ce qui m'est arrivé.

Quant au fait que je ne pouvais pas baisser ma vitesse le jour de l'incident : rien ! Sans remettre en cause ce que je rapporte, le chef d'atelier ne peut pas pousser plus loin les investigations mais va faire remonter le cas en interne. Je récupère donc la voiture en l'état. Le régulateur ? On me dit de ne pas l'utiliser si j'ai un doute ! No comment...

En fréquentant divers forums internet, j'ai pu discuter avec une personne dont le père, possesseur de la même auto que la mienne mais en version essence et boîte auto, a connu également un souci : son accélérateur s'est emballé. Voici son récit, diffusé également sur un forum automobile quasiment en l'état, et que j'ai modifié uniquement pour ne pas permettre d'identifier l'auto, d'où les <MODELE> ou <MARQUE> qui apparaissent ça et là en lieu et place du modèle et de la marque citée :

 

"L’incident rencontré par mon père, s’est déroulé comme suit:

Peu après avoir programmé son régulateur de vitesse, mon père s’est mis a accélérer pour prendre un peu plus de vitesse, mais <MODELE> continua d’accélérer jusqu’a la Vmax. Mon père a alors tapé dans ses freins, ce qui n’a eu aucun effet (il ne se rappelle plus si la pedale de frein était dure car il a réagit immédiatement pour stopper l’auto). Il a de nouveau tapé dans la pedale de frein, sans succès, puis s’est decidé pour utiliser le frein a main en le dosant pour ralentir suffisament le véhicule, tout cela avec le moteur faisant un boucan du diable. Ensuite, lorsque qu’il estima que la vitesse avait suffisamment chuté, il a bloqué sa boite en mode parking (position P) et après quelques soubressauts et bruits en tout genre, a réussi a s’immobiliser sur la B.A.U. en coupant le contact (Autoroute direction Calais, au niveau d’Abbeville).
Il a alors contacté l’assistance
<MARQUE>, qui a pris l’a pris rapidement en charge.
Lorsque le technicien
<MARQUE>, de la concession d’Abbeville, a remis le contact en position N, le moteur est parti illico en Vmax. Il l’a immediatement coupé puis s’est tout de suite penché vers le pédalier.
Bilan: le potentiomètre de la pédale d’accélérateur était passé au dessus de la butée de Vmax et ne pouvait plus revenir en arrière, la butée agissant comme un cran d’arrêt. Comme réparation de fortune, le technicien a recalé le potentiomètre et a tordu la butée vers le haut, en s’aidant d’un petit marteau, ce qui a permis a mon père de poursuivre sa route (sans régulateur).
De retour chez lui, il est passé a la concession de Saintes qui a remplace la pièce défectueuse en effectuant un check-up complet du véhicule, principalement pour vérifier que le moteur, la boite et les freins n’avaient subi aucun dommage et que l’électronique réagissait correctement.
<MARQUE> France a, par la suite, reconnu (par écrit) la défaillance du potentiomètre, sur “les” nouvelles <MODELE>.

En résumé, le régulateur de vitesse n’est, lui même, pas en cause mais il agit sur le potentiomètre qui se trouve être défaillant sur “les” nouvelles <MODELE>. Concernant les freins, même si mon père n’a pas de souvenir d’une pédale dure, il est évident qu’ils n’ont pas fonctionné correctement lors de l’incident, car il s’est servi du frein a main pour ralentir le véhicule. D’après mon père, tout est lié, et il se peut que dans ton cas (supposition car on n'a pas beaucoup d’éléments, on sait juste que le potentiomètre peut être défectueux sur les <MODELE>), le régulateur n’a pas réussi a faire varier le potentiomètre, d’où la réaction en chaine qui s’en est suivie (vitesse ne variant pas, pédale de frein inefficace…).

J'ajoute que je travaille dans l'électronique embarquée depuis près de 15 ans, et il me semble évident qu'un régulateur de vitesse ne puisse pas fonctionner correctement avec un potentiomètre de pédale d'accélérateur défaillant : dans ce cas, un logiciel embarqué se met en gestion d'erreurs, ce qui n'a plus rien a voir avec un fonctionnement normal (en gros, tout depend ensuite des competences du type ou de l'équipe responsable du design et du codage du soft)."

 

Ce témoignage est intéressant à plus d'un titre. Déjà il concerne le même modèle que mon véhicule, et à ma connaissance la gestion électronique est commune aux deux autos malgré le fait que ça ne soit pas la même motorisation ni le même mode de transmission. Ensuite, les symptômes, multiples, sont étonnament similaires : plus de frein dans les deux cas, accélération constante et donc vitesse grandissante sur cette auto, accélération "bloquée" et donc vitesse stabilisée dans mon cas. La cause de cet emballement du moteur, reconnue par le constructeur selon ce qui est écrit, serait le potentiomètre de l'accélérateur.

Car l'accélération dans la plupart des autos est, de nos jours, elle aussi électronique. Cette page, quoi qu'un peu technique, vous aidera à comprendre un peu ce fonctionnement.

Fort de ces nouveaux éléments, et profitant de la révision à venir, je ramène l'auto trois semaines plus tard chez mon concessionnaire, qui se propose gentiment de faire démonter le pédalier et notamment l'accélérateur. Verdict en fin de journée : rien d'anormal. Le contraire m'aurait surpris. Mais ce qui me surprend ici c'est que c'est visiblement uniquement le pédalier qui a été démonté, alors que le lien qui précède nous explique que le, et mêmes les potentiomètres (3), se trouvent respectivement logés sous le tableau de bord (1) et... dans le volant (2) ! A moins que mon auto soit construite différemment...

10 novembre 2006 : lors d'une visite ultérieure chez mon concessionnaire, le chef d'atelier m'a proposé par précaution de changer sous garantie le calculateur de la voiture, vous savez la pièce électronique qui n'a enregistré aucune anomalie. Je roule donc depuis quelques semaines dans une auto dotée d'un nouveau cerveau. Jusque là tout va bien, aucune nouvelle frayeur. Espérons que ça dure.

 

En conclusion à cette page, je dirais que j'ai bien peur que dans mon cas les opérateurs de la marque ne se soient attachés qu'à vérifier la partie visible de l'iceberg, c'est à dire purement mécanique, facilement contrôlable, en mettant de côté le reste, le monde de l'électronique, plus abstrait. Mais comment deceler un problème de ce type en dehors de la consultation du "cerveau" de la voiture (calculateur) qui n'a jamais décelé la moindre anomalie ? Je dois reconnaître là cependant le dévouement et la compréhension dont a fait preuve le chef d'atelier de ma concession, lequel ne m'a jamais pris pour un affabulateur et a tout mis en oeuvre pour régler cet épineux problème.

Nous allons voir sur la page suivante qu'une association s'est montée suite à ces nombreux problèmes électroniques.

 

 

</MikE -jul 2006>

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